Cette posture est aussi appelée le grand écart parce que c’est une position qui y ressemble. Elle permet d’étirer les hanches et de les rendre plus souples.
Hanumānasana tient son nom du dieu singe hindou appelé Hanumān.
« Hanumān, fils du dieu Vent, avait pris dans son enfance le jeune soleil levant pour un fruit et avait sauté du ciel pour le saisir. L’audace de Hanumān éveilla la colère chez Indra, le dieu du ciel, qui lui donna un coup de massue sur le visage. La mâchoire du singe en fit allongée. On l’appelle Hanumān qui, en sanskrit, signifie « longue mâchoire ». À la vue de son fils ainsi défiguré, le Vent, son père arrêta de souffler pour châtier le malfaiteur. Le monde tout entier étouffa. C’était le monde entier qui était puni et souffrait de leur dispute. Alors les dieux accordèrent un don à Hanumān, pour apaiser la colère de son père. Ainsi, Hanumān obtint le don de courir à la vitesse du vent et de choisir le jour de sa mort. Satisfait de cette faveur, le Vent se mit de nouveau à souffler et le monde se remit en route. »
J’aime beaucoup cette posture, physiquement et symboliquement, qui m'a amené à des lectures et des réflexions très intéressantes que j’ai envie de partager avec vous aujourd’hui.
L’histoire d’Hanumān est racontée par Vālmīki dans le livre du Rāmāyana (j’ai choisi la version de Vasundharā Filliozat aux éditions āgamāt), l’épopée indienne sur l’histoire de Rāma, la septième incarnation de Vishnu, écrit en sanskrit, la langue la plus ancienne et prestigieuse du pays, probablement aux environs du début de l’ère chrétienne.
Un jour, Sītā, la bien-aimée de Rāma vit une gazelle d’une beauté extraordinaire et supplia son époux d’aller la chercher. Rāma ne voulant la laisser seule demanda à son frère, Lakṣmana, de se rendre chez eux pour la protéger. Tous deux entendirent la voix de Rāma appeler à l’aide: « oh Sītā, oh Lakṣmana ». Sītā, inquiète, poussa Lakṣmana à partir à sa recherche, la laissant ainsi seule… Rāvana, le démon à dix têtes et vingt bras, l’attira alors hors de sa maison et s’enfuit avec elle sur l’île de Lankā où il l’a tint prisonnière
Sur le chemin du retour, Lakṣmana et Rāma, maintenant sûrs qu’on leur avait joué un mauvais tour pressèrent le pas. Mais ils arrivèrent quand même trop tard et trouvèrent la maison vide. Ne sachant pas où était sa bien-aimée, Rāma et son frère partirent en courant mais ne savaient pas dans quelle direction chercher. Dans la forêt ils trouvèrent Jatāyu (l’aigle, ami de leur père Daśaratha) qui leur dit qu’il avait vu Rāvana qui fuyait avec Sītā dans son char volant vers l’île de Lankā. En chemin les deux frères eurent à affronter un nouveau démon qui leur barrait le chemin, les derniers mots de celui-ci, pour obtenir sa rémission, furent que Rāma pourrait réussir à sauver son épouse avec l’aide de Hanumān en faisant une alliance avec Sugrīva, le roi des singes.
Lorsque Rāma et Lakṣmana trouvèrent Hanumān, celui-ci reconnut chez Rāma les qualités divines de Vishnu. Avec une dévotion sans égale, il se prosterna, se présenta et devint son fidèle serviteur.
(Dans le Rāmayana, la partie du texte la plus captivante de l’épopée est celle de la mission de Hanumān, appelée pour cela Sundarakānda, « le beau chapitre », que je vous invite grandement à lire et que je ne vais pas développer ici, m’arrêtant à la description symbolique de la posture étudiée: Hanumāsana.)
Encouragé par Jāmbavān (vieil ours, lui aussi dévot de Rāma qui faisait également partie de l’expédition des singes), Hanumān accomplit l’exploit de survoler la mer qui le séparait le l’île de Lankā.
La traduction de cet exploit du sanskrit est la suivante (ce qui va nous permettre de comprendre les différentes directions de la posture de Hanumānasana):
« Ayant joint les mains en añjali (en prière devant le coeur) avec l’intention de saluer Sūrya, le Soleil, Mahendra, le grand Indra, Pavana, le Vent, Brahmā né de lui-même (Svayambhū) et les Bhūta, il (Hanumān) prit la décision de partir.
Ayant les mains jointes (en geste de salutation), tourne vers l’est pour saluer le dieu Vent son procréateur, capable, il se grandit pour partir dans la direction du sud.
Regardé par le chef des singes, ayant décidé de sauter par dessus l’océan , il (Hanumān) se grandit pour l’accroissement du Bien de Rāma, comme l’océan les jours de pleine lune.
Le corps énormément grandi, désireux de traverser la mer, il pressa la montagne avec ses bras et ses pieds. »
Et ainsi Hanumān se trouva à Lankā prêt à remplir sa mission et ramener Sītā à Rāma.
Lors de la bataille, Lakṣmana fut blessé et seule une plante poussant dans l’Himālaya pourrait le sauver. Hanumān était le seul à avoir les qualités requises pour aller la chercher. Une fois sur place, Hanumān irrité de ne pas reconnaitre la plante demandée déracina et transporta le mont en entier à Lankā et Lakṣmana fut guérit.
On comprend alors mieux les effets de la posture de Hanumānasana qui sont de développer la générosité, la confiance en soi, le courage, le dépassement de soi. Elle donne de la vitalité.
Les bénéfices sur le plan physique sont:
• d'assouplir les jambes, notamment les ischio-jambiers (l'arrière de la cuisse)
• d'assouplir les hanches
• d'accélérer la circulation sanguine
• de masser les organes du ventre
• De stimuler l’appareil reproducteur en assouplissant la zone du périnée.
C’est une posture adorée des enfants, qui ont moins de verrous que les adultes, moins de peurs et se lancent très facilement dans cette posture du grand écart.
Hanumānasana est exigeante physiquement, il est souvent nécessaire de passer par de nombreuses variantes (avec des supports pour les bras, la jambe arrière fléchie,... ), avant d’atteindre la posture aboutie, voire de rester dans les variantes. Elle demande beaucoup d’humilité car souvent devant la difficulté de la posture, il est plus facile de renoncer, d’abandonner et de continuer dans des pratiques qui restent dans notre zone de confort, plutôt que d’affronter ses peurs et de surmonter les difficultés.
Peu de personnes sont capables de glisser en grand écart et de maintenir cette posture au sol en calmant sa respiration. Mais le yoga n'est pas une séance de gym, c'est un mode de vie, une philosophie à part entière. Depuis votre réveil jusqu'à votre coucher, tout ce qui vous entoure devient alors yoga. Et les postures sont des aides précieuses pour faire circuler l'énergie et tendre au lâcher prise. La finalité d'une posture a donc peu d'importance, par contre le chemin par lequel vous passer pour y parvenir, lui est primordial.
Si cette posture vous a plu, je serai heureuse de vous l’enseigner lors des pratiques hebdomadaires collectives!
Namasté, merci pour votre lecture!